« C’était comme une gifle prise en pleine face.
Comme si je ne m’en étais jamais rendue compte. C’était une bien laide vérité, et comme une idiote, moi, j’y avais cru, à ce beau mensonge.
À cause de moi. Tout ça. Le suiscide, la disparition. Et qui sait, la mort de ce pauv’ gars ? J’ai causé tellement de problèmes dans ma vie, que je n’ai même plus envie de vivre. »
Ô, beau soleil, tout allait si bien pourtant, ce matin. Si bien.
Je m’étais fait quelques fines tresses dans les cheveux, librement détachés. Mon œil ambré était caché par une mèche, l’autre brillait de mille feux.
Et elle a tout gâché. Qui, elle ? Elle, cette si douce fille, cette fille sucrée et généreuse d’Antan. Elle, une fille solitaire et détachée du monde. Elle, simplement.
Bien qu’ayant quitté la Maison pour rejoindre je-ne-sais-qui, elle n’avait pas vraiment.. Disparu. Elle l’avait laissé. Je l’ai trouvé dans une botte de foin, près des écuries. Pourquoi ?
La pierre précieuse qui ornait le bracelet était blanche. Quant à moi, j’avais hérité de la noire. Histoire de famille. Je me souviens quand nous l’avions reçu ; ils étaient neufs et éclatants ! J’avais trois ans. Oubliée, huit.
Je me souviens de nos têtes. J’étais aux anges, pour ma part. Je fanfaronnais sans cesse avec. Oubliée, elle, s’est contentée de sourire, mais je sais qu’elle m’a toujours enviée. Pourquoi ? J’avais eu le noir, et pas elle. Et pourtant, notre mère savait que j’aimais le blanc et ma sœur le noir. Or, elle l’a fait. Je ne sais pas pourquoi, en plus.
Et Elle l’a laissé ici. Pour me laisser un indice ? Ou elle l’avait juste égaré ? Je ne le saurai jamais. Je pose mon visage sur mes genoux, et serre bien fort son bracelet. Le cheval -Gourmandise, il me semble- s’agite un peu. Je n’ai jamais été très à l’aise en compagnie d’un cheval, mais je ne voulais pas sortir. Je ne voulais pas.
« Reviens, Oubliée.. C’est de ma faute. Reviens, je t’en prie.. »